Histoire du bijou - le XIXe siècle [Partie 2/2]

Second Empire (1852-1871)

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Claude Monet, Femmes au jardin [Détail], 1866, Paris, Musée d’Orsay.

 

Le Second Empire se met en place sur fond d’expositions universelles et de révolution industrielle. Les progrès techniques de l’époque contribuent à la croissance de l’économie et à l’émergence d’une classe moyenne. Par ailleurs la mécanisation des procédés, y compris dans la bijouterie, rend les pièces plus accessibles. Et puis, avec la ruée vers l’or en Californie ainsi que la découverte des mines en Afrique du Sud au milieu du XIXe siècle, on pallie enfin la pénurie de matières premières. Aussi le nombre de gens portant des bijoux s’accroît-il, tout comme augmente le nombre de bijoux portés avec toutefois une prédilection pour les bracelets de 1840 à 1860.

L’enthousiasme néo-renaissance perdure, parallèlement à une influence néo-gothique issue d’un intérêt pour le Moyen-Âge. Figures héraldiques, motifs inspirés de l’architecture – arches, ogives – et aussi créatures fantastiques (dragons, chimères, griffons) se couplent à une utilisation de l’émail.

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Broche chimère or et diamant

 

On assiste aussi à l’époque, dans le domaine de la mode féminine comme dans celui du bijou, à une résurgence du XVIIIe siècle. Il se trouve en effet que l’impératrice Eugénie nourrit une passion particulière pour Marie-Antoinette. Pour ce qui est des robes, tandis que le buste est toujours enserré dans un corset on tente à tout prix de contrebalancer la taille fine par une jupe volumineuse. D’abord au moyen de nombreux volants et multiples plis, puis à l’aide de la crinoline-cage restée l’emblème du Second Empire. C’est également durant cette période que naît la haute couture dans son acception contemporaine, sous la houlette de Charles-Frédéric Worth, considéré comme le père de cette dernière. En ce qui concerne le bijou, on voit le retour en force des diamants et d’un répertoire naturaliste avec une prédilection pour les fleurs – et les bagues marguerites –,  les nœuds, les pompons, les perles baroques et de semence. Les montages en tremblant (les motifs sont disposés sur ressort de manière à provoquer leur mouvement et donner une impression de vie) sont perfectionnés. Ça vous dit quelque chose ? Bien vu, on retrouvera ce style néo-rococo quelques décennies plus tard, à la Belle Époque.

 

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Bague marquise perles et rubis

 

N’oublions pas également les motifs célestes, lunes et étoiles, alors très en vogue.

Néanmoins, d’autres influences soufflent sur la bijouterie du Second Empire, à commencer par un goût pour l’Antiquité. D’une part, même s’ils n’ont pas spécialement souffert de désaffection au moment de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, les camées reviennent sur le devant de la scène plus grands et plus audacieux. D’autre part, l’achat par Napoléon III en 1861 d’une grande partie de la collection Campana, contenant des bijoux étrusques, galvanise l’intérêt pour les bijoux antiques en général. La collection archéologique installée au Louvre est copiée, tandis que d’anciennes pièces romaines sont montées en bijoux. Tiens, exactement comme dans notre collection Odyssée ! 😉

 

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

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Jean Auguste Dominique Ingres, Joséphine-Eléonore-Marie-Pauline de Galard de Brassac de Béarn, Princesse de Broglie [Détail], Circa 1851-53, New York, Metropolitan Museum.

 

 

Mêlant perles et bijoux à l’antique en or jaune, le portrait de la Princesse de Broglie par Ingres est une parfaite illustration des tendances XVIIIe et étrusque précitées. A-t-on pour autant fait le tour ? Pas du tout ! Le style du Second Empire est à raison qualifié d’éclectique dans l’ouvrage Bijoux anciens 1800-1950 – Découvrir, identifier et apprécier (dir. Geoffray Riondet).

D’ailleurs, nous avons évoqué plus haut l’influence de la Reine Victoria sur la mode des bijoux de deuil. Cette dernière, inconsolable à la suite des morts consécutives de sa mère puis de son grand amour Albert en 1861, portera le deuil pendant quarante ans et popularisera les bijoux éponymes. En onyx, en jais, en agate ou encore en émail, le principe est qu’il s’agit de bijoux noirs. Souvent montés sur or jaune, plus rarement possédant une monture en fer, ils sont parfois rehaussés de délicates perles fines ou de pierres incolores et peuvent contenir une mèche de cheveux ou tout autre symbole rappelant l’être aimé.

 

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 Broche ronde abeille, œil-de-tigre et diamants

 

Dans un autre registre, les inspirations naturalistes ne se cantonnent pas aux motifs de la flore. Mouches, abeilles, araignées, le répertoire de la bijouterie flirte avec celui des insectes. On note également une appropriation de la vie sauvage animale avec par exemple l’utilisation de l’écaille de tortue, ou encore les pendentifs en griffes de tigre.

Également, le percement du canal de Suez remet les motifs Égyptiens sur le devant de la scène tout comme le corail connaît un retour de faveur.

Enfin, la fin du XIXe siècle voit l’émergence d’une nouvelle bijouterie plus frivole et empreinte de naïveté : motifs inspirés de la vie de tous les jours et plus spécifiquement du sport - chasse et course de chevaux par exemple, mais aussi talismans porte-bonheurs (notamment fers-à-cheval, trèfles).

 

Prêt.e.s à succomber à notre sélection Second Empire ?

 

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

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Bingo de la bijouterie XIXe

 

Que retenir ? Attention, les inventaires ci-dessous ont pour but de mettre en avant les lieux communs de la bijouterie du XIXe et n’en constituent probablement pas une liste exhaustive. De surcroît, gardez à l’esprit que les frontières entre les différentes périodes sont poreuses : ça n’est pas parce que le bijou de sentiment est rangé dans le chapitre « Restauration et Monarchie de Juillet » qu’il disparaît avec Napoléon III !

 

  • Les techniques : Canetille, estampage, grènetis, montage en tremblant, or finement ciselé, pierres sur paillon ou clinquant, serti argent, glyptique (camées et intailles)
  • Les matériaux : diamant, corail, grenat pyrope, turquoise, opale, rubis, pierres dures (camées et intailles, micro-mosaïques) et perles fines, émail, bijoux pointe d’acier et fer de Berlin, matières organiques avec une mention spéciale pour les cheveux
  • Les formes : parures et demi-parures, bijoux de tête, bijoux à transformation, bijoux acrostiches, ornements de corsage, bijouterie fonctionnelle – sceaux, chaînes de montre, épingles – bagues jarretière, jonc et marguerite, poissardes, pampilles, rivières, médaillons ouvrant
  • Les influences : Antiquité gréco-romaine, Égypte antique, Moyen-Âge, Renaissance, Marie-Antoinette
  • Les motifs : Répertoire de la flore, motifs célestes, serpents, insectes, créatures fantastiques, croix « à-la-Jeannette », motifs porte-bonheur (trèfles, fers à cheval), cœurs (enlacés, couronnés, surmontés d’un nœud), nœuds, pompons, motifs étrusques, motifs héraldiques, motifs issus des influences précitées

Et pêle-mêle : Bijoux de sentiment, bijoux de deuil, romantisme, orientalisme, néo-classicisme, néo-gothique, néo-renaissance, Egyptomanie, reine Victoria, dandysme, symbolisme, naturalisme.

 

On vous dévoile pour finir les péchés mignons de l’équipe : la passion de Camille pour le serpent n’est plus à démontrer et Alicia a un gros faible pour les poissardes. Pour ma part, je suis toujours en quête d’un joli négligé en or jaune à pompons.

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Belle Époque, Art Nouveau et Art Déco, continuez le voyage !

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