Histoire du bijou - le XIXe siècle [Partie 1/2]

Maintenant que vous maîtrisez l’histoire du bijou au XXe siècle sur le bout des doigts grâce à notre article sur le sujet (la partie 1 : Belle Époque, Art Nouveau et Art Déco est disponible via ce lien, et pour la partie 2 : Des années 1940 aux années 1970, c’est ici), on continue notre retour dans le passé avec le XIXe siècle.

Et vous allez le voir, le périple n’est circonscrit ni dans le temps, ni dans l’espace : néo-classicisme, néo-renaissance, néo-gothique, Égyptomanie, le XIXe s’approprie les styles de la même manière que les femmes portent les bijoux : en accumulation !

Parés au voyage ?

 

 

 

Consulat et Premier Empire (1799-1815)

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

François Gérard, Portrait de Juliette Récamier [Détail], 1805, Paris, Musée Carnavalet.

 

La Révolution française (1789) et ses conséquences sont responsables de la disparition et de la dispersion à l’étranger d’une grande partie des bijoux préexistants.

De plus, les femmes avaient alors coutume de faire démonter et fondre d’anciennes parures afin d’en créer de nouvelles plus à la mode. Il faudra attendre le milieu du XIXe siècle, date à laquelle ont lieu d’une part la ruée vers l’or en Californie et d’autre part la découverte des mines de diamant en Afrique du Sud, pour renouer avec l’abondance de matières premières et mettre fin à cette tradition.

Sous le Premier Empire, Napoléon Ier contribue largement à la relance de la bijouterie-joaillerie. On lui doit par exemple la fondation à Paris d’une école de glyptique, ou encore le rassemblement et l’enrichissement de la collection des bijoux de la Couronne mis à mal par la Révolution. Et qui a le privilège de porter ces trésors nationaux ? Joséphine bien sûr ! En dépit du côté faire-valoir de la chose (en mettre plein les yeux à la Cour et aux souverains étrangers), il se trouve que l’Impératrice possédait pour le bijou une inassouvissable passion. D’ailleurs, le fournisseur officiel de joaillerie de l’Empire n’est autre que Marie-Étienne Nitot, fondateur de la maison Chaumet en 1780.

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Andrea Appiani, Portrait de l’Impératrice Joséphine, en costume de Reine d’Italie, 1807, Rueil-Malmaison, Château de Malmaison.

 

Mais quittons pour une minute l’histoire du bijou afin de regarder de plus près celle de la mode : si l’on n’a pas encore eu l’occasion d’évoquer l’influence de l’antiquité dans la bijouterie, elle est manifeste dans l’habillement comme en témoignent les deux portraits présentés ci-dessus. La fameuse « robe empire », caractérisée par sa couleur claire – fréquemment blanc –, son encolure souvent carrée, ses manches ballon et sa taille positionnée sous la poitrine est directement inspirée de la statuaire grecque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette robe néo-classique fait la part belle aux accessoires.

 

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Nitot & Fils, Parure de malachite dite de Joséphine, Paris, Fondation Napoléon.

Deux colliers, paire de bracelets, diadème, broche, pendentif, six épingles.

Camées en malachite, perles fines, or jaune et écaille.

 

 

A la fin du XVIIIe siècle les bijoux, implicitement associés aux aristocrates de l’Ancien Régime, s’accordent mal aux idéaux républicains des révolutionnaires. Les parures vont donc répondre à la simplicité des robes empire : bracelets joncs, chaînes ciselées de motifs géométriques inspirés de l’Antiquité, mais seront néanmoins portés en accumulation – tandis que les joncs ornent les bras des poignets aux biceps, les bagues s’affichent à chaque doigt. Seules les poissardes, mises en valeur par la coiffure « à la Titus » - une coupe courte en vogue sous le Premier Empire, elle aussi inspirée de l’Antiquité (et pas si éloignée de la bowl cut de Justin Bieber période Baby) – semblent échapper à la règle de sobriété d’alors.

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Jean-Bernard Duvivier, Portrait de Madame Tallien [Détail], Circa 1806, New York, Brooklyn Museum.

 

Celles qui n’entendaient pas sacrifier leur chevelure sur l’autel de la mode les relevaient en chignon haut à l’aide d’un bijou de tête comme sur ce portrait de Duvivier représentant Madame Tallien, figure féminine emblématique du Directoire. D’ailleurs, s’il reste populaire tout au long du XIXe siècle, c’est sous le Premier Empire que le peigne se démocratise. Si vous voulez en savoir plus sur les bijoux de tête, on vous invite à consulter notre lexique !

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Peigne à cheveux, diadème ancien, en corne et corail sur argent vermeillé

 

La modération s’accordant mal avec la mégalo l’idéal de pouvoir de Napoléon, lui et Joséphine vont contribuer à remettre le bijou sur le devant de la scène. Par exemple, l’impératrice porte souvent des parures complètes, composées d’au moins quatre pièces coordonnées.

La bijouterie n’échappe pas à l’influence néo-classique soufflant sur la mode. Si l’inspiration autour de l’Antiquité grecque a déjà permis le retour de motifs géométriques (feuilles d’acanthe, volutes inspirées de l’architecture), le Premier Empire donne une nouvelle dimension au fantasme de l’Antiquité romaine. Bien que celle-ci commence au milieu du XVIIIe siècle, avec les premières fouilles sur les sites archéologiques d’Herculanum (1738) et de Pompéi (1748), la campagne d’Italie de Napoléon vient raviver l’enthousiasme autour de l’Antiquité à partir des années 1796-97. Et surtout, elle permet un enrichissement conséquent du répertoire des motifs utilisés.

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Bague ancienne camée agate, profil Athéna

 

C’est l’avènement de la glyptique, avec une prédilection pour les camées qui sertis sur les diadèmes, les colliers, les bracelets ou encore les boucles d’oreilles déferlent sur la bijouterie de l’époque. Également très populaires, les bijoux en micro-mosaïques s’inspirent directement des découvertes pompéiennes.

Par ailleurs, la seconde campagne de Napoléon, cette fois en Égypte (1798-1801) apporte elle aussi de nouveaux motifs à la bijouterie. C’est le Renouveau Égyptien dont on vous parle en détail dans notre article sur l’Egyptomanie. Palmettes, feuilles de papyrus, pyramides, sphinx, scarabées, l’Égypte des pharaons s’invite également sur les parures du Premier Empire.

Dans un autre registre les bijoux pointe d’acier, que vous avez peut être découverts dans notre article sur les métaux précieux et non-précieux, sont aussi à la mode. On sait par exemple grâce à l’inventaire de la cassette personnelle de Joséphine de Beauharnais que l’impératrice possédait plusieurs parures en acier. Napoléon Ier en glissera également en 1810 dans la corbeille de mariage de sa seconde épouse Marie-Louise, parmi d’autres joyaux plus précieux.

Enfin, la famille impériale contribua largement à la mode du corail. Napoléon étant Corse, ça ne doit vous étonner qu’à moitié ! Si le sujet vous intéresse, notre article est toujours disponible ici.

 

Découvrez ci-dessous notre sélection Consulat & Premier Empire :

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

 

 

 

Restauration et Monarchie de Juillet (1815-1848)

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Joseph Karl Stieler (attribué à), Portrait de Ludovica Princesse de Bavière, Circa 1830, [Lieu de conservation inconnu].

 

La chute de l’Empire coïncide avec une mutation dans la manière de se parer, et le bijou n’échappe pas à la règle. On délaisse le néo-classicisme de Napoléon et Joséphine pour de nouvelles sources d’inspiration. Et surtout, pour la première fois dans l’Histoire, les modes ne sont plus infléchies par une Cour – jusqu’alors, l’Angleterre donnait le ton pour le costume masculin tandis que la France délivrait les tendances de l’habillement féminin. Si Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe Ier gouvernent successivement, les années entre les deux Empires voient l’affirmation d’une bourgeoisie enrichie qui dicte désormais ses goûts. Les robes reprennent du volume : les jupes raccourcissent et s’évasent, les manches gagnent en bouffant avec notamment la mode des « manches gigot » tandis que la taille, marquée, retrouve sa place naturelle et que le décolleté fait la part belle à la naissance des épaules favorisant le port de longues boucles d’oreilles. Les broches de corsage à pampilles, comme celle que l’on peut voir ci-dessus sur le portrait de Ludovica de Bavière sont typiques de l’époque.

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

 Parure ancienne boucles d'oreilles, broche et pique à cheveux

 

La Renaissance apparaît comme une nouvelle source d’inspiration, avec notamment une vogue de l’émail et une prédilection pour le coloris bleu roi. On suggère dans notre article sur le bleu que la démocratisation de cette teinte spécifique pourrait être liée à la mise au point dans les années 1830 d’un substitut synthétique au lapis-lazuli. L’émail n’est pas le seul emprunt à la Renaissance puisqu’en termes d’ornements de cheveux la ferronnière, inspirée du tableau de Léonard de Vinci représentant l’une des maîtresses de François Ier, revient en force de 1830 à 1840. Mais puisque les bijoux de tête n'ont plus de secrets pour vous, vous le saviez déjà !

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Jean-Daniel Favas, Portrait de Madame Gaudin, née Mathilde Baron, XIXe siècle, Genève, Musée d’Art et d’Histoire.

 

Par ailleurs, la difficulté d’accès aux matières premières à laquelle le premier quart du XIXe siècle doit faire face est toujours d’actualité. Aussi les bijoutiers trouvent-ils des subterfuges, notamment sertir les diamants dans un large chaton d’argent. C’est par exemple le cas sur notre pendentif ci-dessous orné en son centre d’un superbe diamant taille rose couronné.

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Collier pendentif goutte ancien or et argent, diamants taille rose

 

En dépit de l’apparition du serti griffes les pierres sont souvent montées « sur clinquant » ou « sur paillon », c’est-à-dire sur une fine couche d’aluminium qui conférait à l’origine davantage d’éclat à la gemme. C’est en particulier le cas pour les diamants et les grenats. Le temps ayant fait son œuvre, si ça n’est plus vrai sur les bijoux qui nous sont parvenus le sertissage permet de dater la pièce avec certitude.

En outre, une attention particulière est accordée au travail de l’or avec notamment la vogue du grènetis. Cette technique consiste à créer des motifs délicats au moyen de petites billes de métal précieux, souvent l’or, juxtaposées. Citons aussi la canetille, un autre procédé ornemental ayant pour base un fil de métal enroulé. C’est de surcroît à cette période qu’apparaît l’estampage permettant de créer, sur une surface malléable amenée à se solidifier, un motif en creux ou en relief au moyen d’un moule. Enfin, on retrouve parfois sur les pièces d’époque un mélange d’ors colorés – le plus souvent jaune et rose, mais connaissez-vous l’or vert ? Si la réponse est non, rendez-vous sur notre article sur les métaux précieux et non-précieux.

A propos de métaux non-précieux, les bijoux en fer de Berlin dont on vous parle dans le même article sont particulièrement à la mode à cette époque.

Dans un autre style, la colonisation de l’Algérie à partir de 1830 va donner lieu à une vague d’orientalisme, à l’image des célèbres femmes d’Alger de Delacroix. Cette représentation d’un ailleurs fantasmé se traduit en bijouterie par l’apparition de nouveaux motifs d’inspiration nord-africaine tels que le travail en filigrane, le nœud algérien ou encore les pompons par exemple.

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Eugène Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834, Paris, Musée du Louvre.

 

 Un vent de romantisme souffle enfin sur la période avec la popularité des bijoux de sentiment. On ne vous refait pas l’article sur les bijoux acrostiches, dont l’initiale de chaque pierre forme un mot tendre, alors très en vogue. Citons également les médaillons, renfermant souvent une mèche de l’être aimé, et de manière plus générale les bijoux en cheveux ainsi que ceux en dents dont on vous parlait à l’occasion de l’article sur les matières organiques. Le collier d’esclavage est aussi l’un des musts de la Restauration pour qui voudrait « mourir d’amour enchaîné.e » 😬 Pour finir, on use de la turquoise souvent associée au myosotis qui dans le langage des fleurs suggère des pensées affectueuses.

Concernant la période 1837-1860 on parle parfois de « romantisme victorien ». Robe de mariée blanche, popularisation du motif du serpent (qui atteint son pic de notoriété en 1840), bijoux de deuil, La reine Victoria aura une influence considérable sur la mode et la bijouterie du XIXe siècle. A tel point qu’on lui a consacré un article intitulé Jewels save the Queen !

Venu lui aussi tout droit d’Angleterre le dandysme permet l’essor d’une parure masculine. Chaînes de montres, boutons de manchette, sceaux, épingles, il s’agit avant tout d’une bijouterie fonctionnelle. La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui ces bijoux ne sont plus l’apanage de l’homme.

 

Et la seconde bonne nouvelle, c’est qu’on a une jolie sélection de bijoux Restauration et Monarchie de Juillet à vous proposer ! En voici un aperçu.

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Panier

Plus de produits disponibles à l'achat

Votre panier est vide.