Histoire du bijou - Le XXe siècle [Partie 2/2]

Si vous avez manqué le début : La Belle Époque, l'Art Nouveau et l'Art Déco, c'est ici

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Les Années 1940

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Rita Hayworth par Robert Coburn, Screenland, Vol. 50 No 8, 1946

 

Terminée l’insouciance des années 20 : la crise économique des années 30, la guerre d’Espagne  et la menace d’une deuxième guerre mondiale ont mis fin à l’allégresse des « Années Folles ». Les années 40 voient apparaître un nouveau style à l’image de l’Exposition Universelle de 1937. A ce sujet, on peut lire dans L’Aventure de l’Art au XXe siècle [Dir. J.-L. Ferrier et J. Le Pichon] : « L’Allemagne, l’URSS, l’Espagne, l’Italie et même la France se défient dans un concours de néo-classicisme grandiloquent, avec des bâtiments lourds et agressifs à l’opposé de l’objectif initial de l’Exposition qui était de regrouper tout ce qui unit les hommes et rien de ce qui les sépare. » On voit bien que la Seconde Guerre Mondiale est prête à pointer le bout de son nez. On sent aussi à cette époque un suprématisme de la machine dénoncé dès 1936 par Charlie Chaplin dans le film Les Temps Modernes, mais également la glorification de la force et de la vitesse.

 

Parallèlement se développe un nouveau type de femme émancipée, qui travaille et s’évade à travers le cinéma. C’est l’avènement des grandes compagnies : Paramount, M-G-M, Warner Bros. Apparaît alors l’image du sexy hollywoodien si bien incarné par Rita Hayworth : mise en plis impeccable (vive les bigoudis), bouche et ongles laqués de rouge.

On retrouve ces deux tendances dans la bijouterie de l’époque, mi-mécanique mi-glamour.

D’abord, le Seconde Guerre mondiale induit un rationnement des métaux précieux ainsi qu’une interruption des importations de pierres précieuses. Si parfois les formes volumineuses permettent de compenser la rareté des pierres, il n’est pas inhabituel de trouver des gemmes d’imitation sur les pièces des années 40. Néanmoins, le bijou devient aussi, en ces temps difficiles, une valeur refuge facilement transportable. C’est pourquoi on se préoccupe moins du caractère ornemental durant cette période et que les bijoux sont plus imposants que ceux des époques précédentes. Est-ce qu’ils n’étaient pas aussi une façon de conserver socialement les apparences pour les gens aisés ? Et de fait, c’était mieux s'ils étaient voyants. En ce sens, la bijouterie des années 40 est vraiment typique d’une époque de crise. Elle est aussi parfois appelée BOF pour « Beurre, Œuf, Fromage » dénonçant l’enrichissement au marché noir de certains opportunistes. Le caractère éphémère de la mode de ces bijoux, ainsi probablement qu’un désir d’oublier ces années sombres font que malheureusement beaucoup d’entre eux ont été démontés et fondus.

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Oiseau en cage et oiseau libéré, bijoux patriotiques des années 40, Jeanne Toussaint pour Cartier.

 

Si les bijoutiers puisent leur inspiration dans leur quotidien, avec par exemple des bijoux patriotiques ou encore un intérêt obsessionnel pour les machines et les outils, avec notamment les chaînes rappelant les roues des chars ; les lignes des bijoux des années 40 s’adoucissent. On observe un retour à la courbe (rappelant les formes voluptueuses des actrices hollywoodiennes) malgré un aspect qui reste géométrique. On trouve également des tournoiements, volutes, plis, nœuds inspirés du textile.

Le bijou emblématique de cette époque est sans aucun doute la bague Tank reprenant ces différents éléments.

On voit aussi apparaître les bijoux cocktail mélangeant les thèmes et inspirations du XXe siècle ainsi que des dessins figuratifs, presque naïfs, de personnages comme par exemple la ballerine et enfin d’animaux. Les broches représentant un bouquet de fleurs étaient également très populaires.

Très souvent en or jaune, les bijoux se parent de couleurs avec une prédilection pour les pierres suivantes : rubis, saphirs, topazes, aigues-marines, améthystes ; ces dernières étant bien meilleur marché que les pierres précieuses et pouvant ainsi être de plus gros volume.

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Les Années 1950

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

Marilyn Monroe sur le tournage de Niagara réalisé par Henry Hataway, 1952.

 

Cette fois, les années de guerre sont derrière nous ! Un évènement incontournable de l’Histoire de la Mode est le premier défilé de Christian Dior en 1947 et l’avènement du New Look des années 50. Mais savez-vous d’où vient ce terme ? On le doit à Carmel Snow, alors rédactrice en chef du Harper’s Bazaar, qui à la fin du défilé aurait confié au couturier : « Mon cher Christian, vos robes ont un tel new look ! » Tailles étranglées et jupes corolles, Dior signe une collection qui renoue avec la féminité. La pièce emblématique de cette collection est le tailleur-bar, composé d’une veste crème boutonnée milieu devant épousant la forme de la poitrine et taille garrottée ainsi que d’une jupe évasée plissée noire s’arrêtant sous le genou. Le tout accessoirisé par un chapeau « tambourin » et une paire de gants noirs. Le succès est fulgurant, et la collection préfigure la mode de la décennie à venir. La France entre dans une phase de croissance, elle subit des mutations à la fois économiques et sociales consécutives à la fin de la guerre : c’est la grande période des Trente Glorieuses et du baby boom entre autres !

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Tailleur-bar par Christian Dior, 1947

 

La bijouterie aussi se relève, les bijoux se font moins imposants au profit de la qualité. Là encore notre pays continue de donner le ton même si l’Italie commence à apporter un style pariant sur l’éclectisme et la fantaisie.

Deux tendances, qui perdurent encore aujourd’hui, se dessinent : d’une part les bijoux artisanaux annonciateurs des bijoux d’artistes de la décennie suivante et d’autre part les bijoux sophistiqués, chers de par les matériaux utilisés ; avec notamment le retour en force des 4 précieuses. On note aussi la renaissance du platine et l’or blanc est privilégié : le tout diamant, tout blanc domine. On peut aujourd’hui s’en rendre compte à travers les nombreux modèles d’imitation en métal argenté et strass qui nous sont parvenus. Les thèmes hérités des années 1940 continuent d’être explorés mais sont travaillés de manière plus complexe. Par exemple, l’utilisation de fils de toutes sortes évoque toujours le tissu et la passementerie, mais de façon plus flexible que dans la décennie précédente. On retrouve aussi les inspirations naturalistes avec une prépondérance de la feuille et de la plume, mais aussi des motifs de tourbillons, cascades, fleurs, oiseaux, insectes, coquillages, etc. jusqu’aux animaux de compagnie.

Lorsque les pierres de couleurs sont utilisées, on peut s’attendre à des accords surprenants.

Pierre Sterlé est un bon exemple de joaillier emblématique de la bijouterie joyeuse et opulente de cette période.

Les bijoux de la maison lyonnaise Augis, et notamment leur médaille d’amour inspirée du vers de Rosemonde Gérard « Car vois-tu, chaque jour je t’aime davantage, aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain. » est également très populaire à l’époque. Vous préférez les bagues ? Ça tombe bien, on a les deux à vous proposer !

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Les Années 1960

 

galerie penelope paris bijoux anciens

Les parapluies de Cherbourg, Film de Jacques Demy, 1964.

 

Au cas où vous vous poseriez la question, oui ; grosse passion Catherine Deneuve chez Galerie Pénélope ! A partir des années 60, c’est un peu plus le bazar pour s’y retrouver dans la bijouterie-joaillerie… à l’image de cette décennie révolutionnaire sans doute ?

Guerre du Vietnam, Mai 68, Mouvement de Libération de la Femme – Ahah bonjour le leitmotiv : les années 60 sont synonymes de contestation à bien des égards. Rétrospectivement on pense aussi à l’avènement de la société de consommation avec l’ouverture en France du premier supermarché, le déferlement du plastique (cette matière formidablement éco-responsable). Heureusement il se passe par ailleurs des choses plus joyeuses comme la pilule, le premier pas de l’homme sur la lune, les Beatles et les Rolling Stones, la mini-jupe de Mary Quant ! Il s’agit d’ailleurs d’une période de rayonnement culturel et socio-économique des Etats-Unis et de l’Angleterre. Pour ce qui est de la mode, bonjour la mini donc, ainsi que les robes trapèzes, les grandes bottes et les premiers jeans. Le ton n’est plus donné par la haute-couture mais par la rue et Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé ne s’y trompent pas en fondant Rive gauche, leur marque de prêt-à-porter en 1966.

 

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

 

Pour ce qui concerne le bijou, on observe deux écoles : d’une part les marques de luxe qui restent fidèles à leur clientèle et continuent de proposer des bijoux réalisés dans la tradition. L’or blanc, retrouvé dans les années 50, perdure. Le métal se fait discret, on privilégie le serti griffe ; en revanche on assiste à une profusion de pierres montées en étages, à la manière d’un sapin de Noël. Les tailles navette et baguette ont la cote. Onyx, quartz, corail, aigue-marine, cornaline, citrine, pour les couleurs on s’en donne à cœur joie ! On constate pour finir une forte inspiration naturaliste animalière. Les maisons de la place Vendôme conquièrent en outre une clientèle Moyen-Orientale où l’affichage de son rang et de sa richesse sont encore de mise.

L’autre école, c’est une nouvelle génération de bijoutiers beaucoup moins formalistes qui prend sa source en Angleterre auprès d’une clientèle de nouveaux riches. En 1961, le Worshipful Company of Goldsmiths organise une exposition de bijoux modernes qui permet d’appréhender le bijou comme un moyen d’expression artistique. La bijouterie s’érige au rang de Beaux-Arts et est enseignée comme telle. Un peu comme pendant l’Art Nouveau où les frontières entre arts majeurs et mineurs se dissolvent ; les années 60 partagent aussi avec ce courant de choisir les matériaux pour leur esthétique et non leur valeur : cristaux bruts, œil-de-tigre, corail, lapis-lazuli par exemple. A l’étranger, plus qu’en France, certains cherchent à dépasser l’idée du bijou comme signe extérieur de richesse.

La mode enfin se tourne vers une sorte de futur dystopique incarné par le style « spatial » de Courrèges, la robe « Cosmos » de Balmain ou enfin les robes métalliques de Paco Rabanne ; dans la mouvance des premiers pas de Neil Armstrong sur la lune !

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Les Années 1970

 Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

La chanteuse Cher, photographie via © Pinterest

 

La fin des années 60 voit l’émergence du mouvement hippie. Et puis, les années 70 c’est également la télévision en couleurs, le disco et sa dose de paillettes ! Une légèreté relative issue d’une économie florissante et de combats gagnés en mai 68. Un paradis artificiel suspendu entre la décennie révolutionnaire précédente et le «No future» punk préfigurant les austères années 80. Evidemment, encore une fois l’époque a eu son lot de malheurs avec notamment les ravages de la drogue créant le sinistre «club des 27».

Mais globalement, un vent de liberté souffle sur ces années-là. La jeunesse devient une valeur au-delà de la situation et la société cesse d’être conformiste, tout le monde se mélange. La mode est un bon indicateur de cet état d’esprit : couleurs acidulées improbables, mini-jupes, pantalons pattes d’éléphant, chemises à jabot, longues jupes fleuries, bottes en fourrure… chacun son style ! On retrouve d’ailleurs cette liberté dans les tenues de scène complètement fantasques de David Bowie ou celles d’Elton John. Le maître mot : l’éclectisme.

 

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Loulou de la Falaise photographiée par Guy Marineau [non daté]

 

 

Loulou de la Falaise fait partie des figures emblématiques de l’époque. Elle est mariée à Thadée Klossowski avec qui elle incarne parfaitement la jeunesse dorée, souveraine et folâtre de l’époque. Muse et amie d’Yves Saint-Laurent, elle rejoint le couturier en 1972. Fantasque, joyeuse, originale, elle mettra sa créativité au service de la maison. Loulou prend petit à petit de l’importance et Saint-Laurent finit par lui confier la responsabilité du département « maille et accessoires », lui offrant de dessiner les bijoux des collections haute couture.

Volumineux et colorés, les bijoux d’alors s’inspirent de la faune et la flore mais aussi des parures ethniques africaines et de l’Egypte Antique. En France, les marques de luxe s’inscrivent dans la continuité des années 60 en poursuivant l’emploi des matières précieuses tout en travaillant au renouvellement des matériaux. Par exemple, la créatrice Costanza qui à l’époque créée des collections pour Pierre Cardin ou Hermès travaille indifféremment l’or et l’altuglas, une sorte de plastique. Pas d’inquiétude, la bague que nous vous proposons est en or 18kt ornée d’un saphir birman naturel non chauffé ! En tout cas, l’art du bijou semble s’instaurer avec une vraie reconnaissance de ce que l’on appellerait aujourd’hui des designers.

Enfin, dans la continuité d’un futur fantasmé initié par la haute couture de la fin des années 60, le bijou des années 70 s’inspire de la nouvelle conquête de l’espace et des micro-technologies, combinant métal et plastique de couleur et frisant la sculpture. L’un des enjeux sera bientôt l’utilisation de nouveaux matériaux issus de la technologie spatiale comme par exemple le niobium, possédant la même densité que l’or et ayant la particularité d’être un matériau réfractaire (c’est-à-dire pouvant refléter toutes les couleurs du spectre).

 Vous l’avez compris, c’est encore un peu plus le chaos que dans les années 60 pour s’y retrouver ! Du coup, nous on préfère miser sur des valeurs refuge : l’or, les pierres précieuses et fines… What else ? 😊

 

 

 Galerie Pénélope Paris Bijoux Anciens

Galerie Penelope Paris Bijoux Anciens

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Maintenant que nous avons remonté ensemble un siècle d’histoire, savez-vous nommer votre courant préféré ?

Chez Galerie Pénélope, on les aime tous ! – et encore, on n’a pas abordé le XIXe… Mais à choisir, Camille a une prédilection pour les bijoux modernistes des années 30, Alicia préfère les bagues tank des années 40 et pour ma part, mon cœur penche pour le style guirlande. Une belle complémentarité, pour une fine équipe !

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