Les bijoux d'Aphrodite

Après vous avoir conté Artémis et son girl-gang de nymphes, on vous emmène aujourd’hui dans l’univers d’Aphrodite. Déesse grecque de la Beauté, de l’Amour charnel et de la Fécondité ; il est probable que vous la connaissiez davantage sous son patronyme romain : Vénus.

 

 

Adolf Hirémy-Hirschl, La naissance de Vénus, vers 1888, Collection privée.

 

 

Aujourd’hui encore, Aphrodite est l’archétype de la beauté : « She’s got it / Yeah, Baby, She’s got it » comme le chantaient Shocking Blue en 1969. Mais avant qu’un groupe de rockeurs néerlandais ne l’érige en haut de la montagne, quel fut le sort de notre Déesse ?

 

 

Dormeuses Art Déco or, perles et diamants

 

 


 

La naissance de Vénus

 

Vous le savez ou non, la naissance d’une divinité, c’est généralement rocambolesque. Dionysos par exemple, intimement lié à l’améthyste, eut été prématuré sans la cuisse de Zeus, et Artémis à peine issue du ventre maternel dut s’improviser sage-femme. Aphrodite, quant à elle, est née de l’écume des flots provoquée par l’amerrissage des bijoux de famille d’Ouranos. Vous avez raté un épisode ? Pas de panique, on vous fait un vernis.

Lorsqu’on évoque les Dieux de la mythologie grecque, force est de constater qu’il est souvent fait référence aux « Douze ». La Dream team de l’Olympe est en réalité la troisième génération divine.

 

 

Bracelet manchette écailles souple en or jaune

 

 

 

D’après la théogonie d’Hésiode (fin VIIIe - début VIIe avant J.C.), il y avait à l’origine cinq Dieux et Déesses dont Gaia (la Terre Mère) et Ouranos (le Ciel) qui eurent beaucoup d’enfants. Quant à savoir s’ils vécurent heureux comme dans les contes… on ne se risquerait pas à le dire ! Tout d’abord, Ouranos avait une fâcheuse tendance à se débarrasser de sa progéniture, en la noyant dans les eaux du Tartare ou en l’enfouissant dans la Terre (la méthodologie diverge selon les sources). Certains purent tout de même échapper à leur funeste destin et parmi eux Cronos, réputé pour être le plus fort et le plus malin de tous. Fomentant le plan avec sa mère, lasse du comportement infanticide d’Ouranos, le Titan émascule son père et balance les parties génitales de ce dernier à la mer.

 

 

Alexandre Cabanel, La Naissance de Vénus, 1863, Paris, Musée d’Orsay.

 

Et de l’écume naît la belle Aphrodite. Par la nature même de son origine, Vénus est donc liée à la mer et c’est pourquoi le coquillage figure parmi ses attributs. On a eu l’occasion de vous en parler dans nos articles sur le blanc ainsi que la « pierre » de naissance de Juin, mais la perle est également associée à la Déesse de l’Amour. Vous vous souvenez ? Par exemple, dans l’Antiquité grecque, les perles étaient appelées « larmes d’Aphrodite ». De surcroît, la perfection de la perle à l’état brut fait écho à celle de la Déesse.

On assigne également à Vénus la rose et le myrte pour le végétal, ainsi que la tourterelle et la colombe.

 

 

Dormeuses colombes grenats de Perpignan

 

 


 

Une pin-up avant la lettre

 

 

Sandro Botticelli, La Naissance de Vénus, vers 1485, Florence, Galerie des Offices.

 

Aphrodite, après une session de surf mythologique sur son coquillage (grâce au concours de Zéphyr, le Dieu du Vent) accoste sur l’île de Cythère. C’est le moment que Botticelli choisit de représenter dans sa célèbre toile La Naissance de Vénus, conservée à la Galerie des Offices à Florence. Lectrices enthousiastes de notre journal, il ne vous a pas échappé que le tableau est déjà présenté dans notre article sur la perle. Mais on était vraiment obligées d’en reparler ici. Car l’œuvre, presque aussi iconique que la Joconde de Léonard de Vinci, incarne un tournant dans la représentation du corps de la Femme.

 

 

Pendentif intaille cristal de roche et diamants

 

 

Jusqu’alors le nu féminin est réservé à Eve, la croqueuse de pomme de la religion chrétienne. De fait, l’exhibition du corps de la Femme est empreint de péché et de honte. Puisant son inspiration dans la statuaire de l’Antiquité, Botticelli s’affranchit du concept catholique et offre à l’œil du spectateur un corps féminin grandeur nature volontairement érotique.

 

 

 

En outre, les peintres de la Renaissance étaient en quête d’un idéal de beauté, aux proportions parfaites ; et la Vénus de Botticelli est considérée comme un must absolu du genre. Cou trop long, épaule démise, impossibilité de tenir debout avec ce déhanché d’enfer (nommé contrapposto en Histoire de l’Art) : on aurait déjà quelques griefs réalistes à opposer à ce canon de beauté ! Exactement comme on remet aujourd’hui en cause les images d’Épinal des magazines féminins. Vous le saviez ? la représentation d’Aphrodite en peinture a ainsi participé à la standardisation d’un idéal féminin qui perdure encore aujourd’hui.

 

 

Titien, La Vénus d’Urbino, 1538, Florence, Galerie des Offices.

 

Et puis, Vénus inspire les artistes pour un motif bien plus trivial : quel meilleur alibi que la Déesse de l’Amour pour peindre une femme nue dans une pose lascive ? Aphrodite dans l’Histoire de l’Art, c’est le male gaze (ou l’appropriation par l’Homme cisgenre hétérosexuel de la représentation de la Femme dans la culture visuelle) dans toute sa splendeur. N’oublions pas que jusqu’au XIXe siècle au moins, la peinture est majoritairement pratiquée par et pour des hommes. Et il s’agit d’une activité sérieuse ! A partir du XVIIIème siècle, la discipline est hiérarchisée en sous-catégories plus ou moins nobles : le portrait, le paysage, la nature-morte, la scène de genre et enfin la peinture d’Histoire, la plus prestigieuse. Elle consiste à mettre en scène ses personnages dans un épisode historique, biblique ou mythologique. Faisant écho à la luxure, toute autre représentation de nu est jugée immorale.

 

 

 

 

Edouard Manet fera ainsi scandale en présentant officiellement son Olympia (1863) en 1865. Pour la première fois, un artiste ne se cache plus derrière le prétexte fallacieux de peindre une Déesse et offre à l’œil du spectateur lubrique une grande horizontale. Tollé absolu dans les prudes Salons où l’on a manifestement besoin d’une excuse mythologique pour se rincer l’œil. Et pourtant, la référence de Manet à la peinture académique en général et à la Vénus d’Urbino semble évidente.

 

Parmi les griefs de ses contemporains, l’utilisation de sous-tons jaune dans le traitement pictural de la chair évoquant la putréfaction. Dans l’article sur la couleur, on vous a justement raconté dans quelle mesure le jaune est symboliquement rattaché à la maladie, voire la mort ; et comment les peintres impressionnistes ont contribué à sa lente réhabilitation en l’ajoutant à leur palette. Contemporain du mouvement, Manet n’est pas un impressionniste mais s’inscrit comme un avant-coureur de la peinture moderne à plusieurs égards (notamment le choix de ses sujets) et inspire nombre de ses homologues.

 

 

Edouard Manet, Olympia, 1863, Paris, Musée d’Orsay.

 

 

 

Les bijoux d’Olympia, l’Aphrodite du Second Empire

 

Si l’on s’attarde sur les quelques bijoux portés par Victorine Meurent, le modèle  d’Olympia, on remarque qu’ils sont assez représentatifs de la mode du XIXe siècle.

Par exemple, son collier est composé d’une importante perle baroque retenue par un ruban noir. Dans la seconde moitié du XIXe les ras-de-cou, parfois aussi appelés « colliers de chien », sont très en vogue. Ceux composés de plusieurs rangs de perles sont réservés aux soirées. En journée, on leur préfère un ruban dont le centre est décoré par une plaque de métal précieux présentant un motif orné de gemmes ou d’émail.

 

 

Médaillon ouvrant émail guilloché, diamants et perles

 

 

Pour ce qui concerne le bracelet, il aurait selon Julie Manet (la nièce du peintre, fruit des amours d’Eugène Manet et Berthe Morisot) appartenu à la mère de l’artiste et contiendrait une mèche de cheveux de cette dernière. Initiée au XVIIIe, la vogue du médaillon, refermant un souvenir d’un être cher – souvent un portrait ou une mèche de cheveux tressée – est  toujours en faveur au siècle suivant. En effet, sous l’influence de l’Angleterre victorienne, la mode est au romantisme et au bijou de sentiment. Pour en savoir plus sur cette période éclectique de l’Histoire du bijou, n’hésitez pas à consulter nos articles (partie 1 et partie 2) dans la rubrique Journal. Les joncs, plus ou moins larges, sont alors toujours prisés et les modèles dont le fermoir est orné d’un médaillon sont typiques de la période.

 

 

Jonc manchette en or rose et perles fines

 

 

Enfin, s’il est compliqué de s’avancer sur la nature des boucles d’oreilles d’Olympia, il ne nous étonnerait pas que celles de la servante, en arrière-plan, soient faites de corail. La gemme organique est en effet très à la mode au XIXe siècle, particulièrement sous les deux Empires. Le corail est alors pêché en abondance le long des côtes méditerranéennes et suscite l’engouement de toutes les catégories sociales. La forme des boucles d’oreilles, à transformation, est également caractéristique de la bijouterie de l’époque.

D’ailleurs, elles ressemblent beaucoup à une paire de dormeuses pendantes vendues sur notre site. On ne prétend pas qu’il s’agit de celles portées par le modèle de Manet, néanmoins, le mystère demeure ! C’est toute la magie des bijoux anciens : s’il est parfois frustrant pour certain-e-s de ne pas connaître leur passé, on peut aussi bien en imaginer un à ces véritables fragments d’Histoire.

 

 

Boucles d’oreilles pendantes anciennes dormeuses en or et goutte de corail

 

 

Muse de la Renaissance jusqu’au XIXe siècle, Aphrodite fut donc l’instrument des peintres non seulement pour représenter une femme nue et sexy pour le seul plaisir de leur Boys’ club, mais aussi créer un idéal de beauté stéréotypée dont on ne s’est pas encore totalement affranchis.

 

Le saviez-vous ? Aphrodite était mariée à Héphaïstos, le Dieu du Feu et des Forges, réputé pour sa laideur. Encore un coup de Zeus, jugeant que par sa grande beauté et son incontrôlable désir la Déesse allait semer le trouble entre les mâles alpha de l’Olympe.

 

 

Bague perle fine double entourage diamants

 

 

Pour ce qui est des bijoux anciens, nous, on vous conseille de suivre votre cœur : chez Galerie Pénélope, on ne vend que des pièces uniques, comme vous. Parce que même si vous n’êtes pas nées de l’écume des flots… you’ve got it !

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