Le jaune est, avec le bleu et le rouge, la troisième couleur primaire. Cependant, annoncée comme favorite de seulement 6% des hommes et des femmes, elle est loin de bénéficier de l’aura sexy de ses congénères. A l’inverse : le jaune se serait plutôt dévalorisé au fil des siècles. La bonne nouvelle, c’est que lorsque l’on est au creux de la vague… on ne peut que remonter ! Aussi Michel Pastoureau, dans son ouvrage Les couleurs expliquées en images, mise-t-il sur la revalorisation du jaune dans les prochaines décennies. Mais alors, pourquoi tant de haine ?

 

 

 

 Collier ancien Esclavage en or et émail

 

 

Au-delà de la symbolique négative de la couleur, qui prend racine en Europe à l’époque médiévale, le jaune représente de manière tangible le temps qui passe. Pensez par exemple aux feuilles d’automne se parant de teintes chaudes avant de mourir, ou bien aux photographies qui jaunissent avec le temps. Ou de façon plus concrète encore, à nos dents, au blanc de nos yeux, à nos ongles qui lorsque l’on vieillit perdent de leur blancheur initiale.

Depuis Chateaubriand qui affirmait, au XIXe siècle, que « la vieillesse est un naufrage », notre société encore âgiste ne semble pas tout à fait sortie de la jouvence souveraine. N’est-ce pas Leonardo (Di Caprio) ? L’acteur âgé de 48 ans est réputé pour n’avoir que des compagnes de moins de 25 ans. Autrement dit, qui désormais n’étaient pas nées quand Titanic est sorti au cinéma.

 

 

Bague ancienne fixé sous verre Renard

 

 

Jaunisse, crise de foie, teint cireux, le jaune évoque aussi la maladie ; de quoi nous faire rire…  jaune ! Savez-vous d’où vient l’expression ? Elle serait liée au safran, de couleur jaune, supposé provoquer un délire accompagné d’un rire incontrôlable.

 

 

 

Le mal-aimé

 

Le jaune se pare en Europe de sa symbolique négative à partir du Moyen-Âge. Avec pour grande partie la contribution de la religion catholique, qui après les Croisades continue de pourchasser ceux qu’elle juge hérétiques, cette fois au sein même du pays.

La peinture n’a pas aidé non plus, puisqu’il faut attendre le XIXe siècle pour assister à la réhabilitation du jaune dans l’Histoire de l’Art. Mais revenons à la période médiévale et à la peinture de l’époque à travers l’exemple de Judas.

 

 

 

Giotto, l’Arrestation du Christ (le baiser de Judas), 1304-1306, Fresque, Padoue, Chapelle Scrovegni.

 

 

Archétype du traître par sa contribution à l’arrestation du Christ, Judas est souvent représenté au moyen d’attributs stigmatisants. Tantôt gaucher, tantôt roux, il sera vêtu d’une robe jaune à partir du XIIe siècle. La couleur devient dès lors un avatar de la tricherie, du mensonge, et l’association va se perpétuer : au XIXe siècle les femmes adultères ainsi que les maris trompés sont également représentés habillés de jaune.

D’une façon générale, les vêtements jaunes symbolisent l’opprobre : en Allemagne par exemple, ils étaient autrefois l’attribut des prostituées et des mères célibataires. Plus largement, la couleur jaune devient celle de la stigmatisation. Autre exemple, la rouelle mise en place par les catholiques au XIIIe siècle pour ostraciser les juifs, reprise pour la même raison par les nazis dans un passé pas si lointain.

 

 

 

 Bracelet manchette maille milanaise, diamants et citrine

 

 

 

Le jaune est en outre lié à la folie dès le Moyen-Âge, seul ou associé au vert. On a parlé du safran un peu plus haut, mais le soufre tout droit sorti des vapeurs de l’Enfer est lui aussi réputé provoquer la démence.

La combinaison colorée jaune/vert est par ailleurs la marque de reconnaissance des Catherinettes, ces jeunes femmes de plus de 25 ans « encore » célibataires. Loin de symboliser la folie, l’assemblage chromatique représente ici l’espoir et la sagesse. La coutume veut que le 25 Novembre, coiffée d’un chapeau jaune et vert, la Catherinette aille prier Sainte-Catherine (la Sainte-patronne des filles à marier), afin que s’il vous plaît quelqu’un se décide à lui épargner l’étiquette de vieille fille. N’insistez pas avec Leonardo, vous êtes hors compétition. Suivez plutôt le conseil d’Agatha Christie : « Faites comme moi, épousez un archéologue. C’est le seul homme qui vous regardera avec de plus en plus d’intérêt à mesure que passeront les années ».

 

 

 

Carte postale ancienne « Vive Ste Catherine”

 

 

Si la société a évolué (selon l’INSEE, la moyenne d’âge du premier mariage pour la femme était de 31,9 ans en 2016), la tradition des Catherinettes perdure dans certaines grandes maisons de couture. Mais il s’agit surtout d’un prétexte, semble-t-il, pour créer des chapeaux plus extravagants les uns que les autres et faire la fête.

Amies Catherinettes, nul besoin d’attendre l’âme sœur pour vous offrir un bijou en 2023 : on vous suggère une citrine, un péridot ou une émeraude pour porter fièrement vos couleurs le 25 novembre !

 

 

 

 

Or jaune

 

Gustav Klimt, Le Baiser, 1908-1909, Huile et feuille d’or sur toile, Vienne, Palais du Belvédère.

 

Si le jaune est une couleur décriée, c’est aussi parce qu’il pâtit de sa proximité avec l’or. Celle-ci est non-seulement chromatique mais également littérale : jaune dérive du latin « aurum » signifiant or. Ainsi, au fil du temps, ce dernier a absorbé toute la symbolique positive du jaune : la lumière, l’énergie, l’optimisme… Ne laissant au jaune que la place de parent pauvre conservant dans son sérail duplicité, colère, envie et ressentiment. L’Église a une nouvelle fois joué un rôle dans ce schisme, bannissant le jaune comme couleur liturgique à partir du XIXe siècle. L’or en revanche… pas de problème.

 

 

 Bracelet manchette Charles X or et citrine

 

 

Chez Galerie Pénélope, on aime aussi bien l’or que le jaune, et peut être encore davantage le mélange des deux ! D’autant que le coloris se retrouve en gemmologie dans une infinité de nuances : ambre, apatite, citrine, chrysobéryl, fluorite, grenat, héliodore, saphir jaune, scapolite, sphène, topaze, tourmaline, zircon. Sans oublier bien sûr le diamant jonquille : vous connaissez sans doute celui de la maison Tiffany, pendu au cou de Beyoncé dans la campagne « About love » (2021). Si non, on en parle dans notre article sur la pierre de naissance d’avril.

 

 

 

 

Le lundi au soleil

 

Il faut bien garder à l’esprit que cette histoire de sens des couleurs est intimement lié à une culture circonscrite dans le temps et dans l’espace. Aussi, la symbolique du jaune est-elle différente en Asie. En Chine par exemple, la couleur est extrêmement valorisée et associée à l’empereur.

Le coloris était aussi très prisé dans l’Antiquité gréco-romaine, notamment pour les vêtements de cérémonie.

 

 

 Catherine Deneuve dans Peau d’Âne [film musical écrit et réalisé par Jacques Demy], 1970.

 

 

Et que dire des cheveux blonds ! Tant dans la Grèce que dans la Rome antique, les femmes enduisaient leurs cheveux d’agents blanchissants, tandis que les hommes s’exposaient au soleil afin d’éclaircir leurs tignasses. Il se murmure aussi qu’à l’époque, on pouvait acheter d’onéreuses crinières blondes venues de Germanie. Peut-être parce que dans la mythologie, tous les héros et les dieux sont blonds – et qui ne voudrait pas rivaliser avec les canons de l’Olympe ?

D’ailleurs, le saviez-vous ? Les quartz présentant des inclusions naturelles d’aiguilles de rutile (pour voir à quoi cela ressemble, jetez un œil à notre article sur le saphir) se nomment « quartz cheveux de Vénus ».

On pourrait citer encore pléthore d’exemples de blondeur associée à la beauté, à l’image de Peau d’Âne dans sa robe « couleur du soleil » dans l’image ci-dessus, Marilyn Monroe ou encore Brigitte Bardot pour les plus iconiques. D’ailleurs, en ce qui concerne les deux dernières, on ne voudrait pas casser le mythe mais il semblerait que ce sont des « fausses blondes ». Les choses n’ont donc pas tant changé depuis l’Antiquité, au moins sur ce point : on continue d’utiliser des subterfuges pour éclaircir ses cheveux. En réalité, on estime à seulement 2% la part de population mondiale naturellement blonde.

 

 

 

 Bague marguerite ancienne topaze impériale entourage diamants

 

 

Si l’Histoire de l’Art a contribué à l’association implicite entre jaune et traîtrise, c’est également pour partie à travers la peinture que l’on assiste à une revalorisation de la couleur. L’artiste anglais William Turner fut l’un des premiers à enrichir sa palette de tons jaunes au début du XIXe siècle. Ce peintre influencera fortement les impressionnistes qui à leur tour intégreront le jaune dans leurs œuvres. Le coloris fut aussi parmi les couleurs de prédilection de Vincent Van Gogh, à l’image par exemple de ses iconiques Tournesols.  

Le saviez-vous ? Appolon, Dieu grec des Arts assimilé au soleil, cherchait à se débarrasser de son amante Clythia qu’il jugeait trop collante. Non content de la ghoster lui faire part de son sentiment, il la changea en tournesol. La fleur, tournée vers le soleil (en raison de l’adoration de Clythia pour Appolon), symbolise ainsi la passion aveugle.

Crocus, jonquilles, primevères, mimosas,… on vous laisse compléter la liste, car le jaune est également la couleur la plus répandue parmi les variétés de fleurs.

 

 

 

 Vincent Van Gogh, Vase avec douze tournesols, 1888, huile sur toile, Munich, Neue Pinakothek.

 

 

 

Tout comme en peinture, le jaune devient au XIXe siècle symbole d’avant-garde en littérature. Il habille par exemple les couvertures d’ouvrages sensationnalistes. On parle aussi de « journalisme jaune » pour le même type de presse. Du marketing avant la lettre : le caractère voyant de la couleur est alors utilisé pour attirer l’attention. Si certains traditionalistes voient ce genre de littérature d’un œil méfiant, elle fait pour d’autres figure de transgression. Le jaune devient ainsi l’étendard d’une avant-garde affranchie du joug artistique et moral de son époque. Clou du spectacle, en 1890, le poète britannique Richard le Gallienne fait l’apologie de la couleur dans son essai Le boom en jaune.

 

Au début du XXe siècle, la définition des couleurs telle qu’on la connaît aujourd’hui hisse le jaune sur le podium des 3 primaires, participant à la lente réhabilitation du jaune. Le maillot jaune, qui depuis 1919 récompense le premier du classement dans le Tour de France, aidera également à voir la couleur de manière plus positive.

 

 

 

 Bague jonc pyramidale or et citrines

 

 

Teinte du soleil, de la lumière, de l’énergie, le jaune rayonne enfin ! Preuve que c’est une couleur joyeuse, il s’agit de celle des smileys (ou « frimousses » dans la langue de Molière).

 

 

On conclura par une citation de Richard le Gallienne : « Quand on y pense, on réalise à peine combien de choses importantes et agréables dans la vie sont jaunes. ».

Chez Galerie Pénélope, le soleil c’est toute l’année ! Alors vous aussi, prolongez l’été ou illuminez votre rentrée grâce à notre sélection jaune.

 

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