Savez-vous pourquoi, comme le chantait Marilyn Monroe, les diamants sont les meilleurs amis d’une femme ? Hommes ou femmes, nous finissons tous par perdre nos charmes… Mais les pierres, elles, taillées en table ou en poire, ne perdent pas leurs formes !
On vous conseille notre article sur la gemme de naissance d’avril, juste ici, pour une approche du diamant plus générale : origine, histoire, et bien sûr les incontournables 4C permettant d’évaluer la qualité de la pierre. Le tout saupoudré de nos meilleurs traits d’humour.
Parce qu’ici, on disserte exclusivement sur les tailles et les formes.
Vocabulaire du diamant
Parlez-vous diamant ? Faisons, en premier lieu, un bref point de vocabulaire à partir d’une taille brillant classique.
Le diamant est formé d’une partie supérieure et d’une partie inférieure, dont le point de réunion se nomme rondiste. La partie supérieure s'appelle la couronne. Elle se décompose en facettes, dont la table qui est la facette la plus importante. La partie inférieure s’appelle la culasse. Elle est également facettée. Nous verrons que le nombre de facettes varie selon la taille de diamant privilégiée. L’extrémité inférieure de la culasse est nommée colette ou pointe de culasse.
Les premières tentatives de mise en valeur de la pierre remontent au XIIIe siècle. Les gemmes brutes étaient alors travaillées par polissage des faces naturelles, ce qui apportait davantage de transparence et d’éclat. Il faudra attendre le XVe siècle (1400) pour qu’apparaisse la taille en table, pour aboutir après de multiples expériences et près de trois siècles plus tard à une première taille brillant à la fin du XVIIe, aujourd’hui renommée taille ancienne, mise au point par Vicenzo Peruzzi. Mais la taille brillant moderne, aux proportions dites idéales, date quant à elle des années 1910 et fut mise au point par le joaillier Tolkowsky.
Solitaire Art Déco diamant 0.50 Ct
Alliance américaine Art Déco diamants
On a coutume d’entendre que le diamant est le matériau le plus dur qui existe. Les anciens l’avaient d’ailleurs bien compris puisque son nom dérive du grec « adamas » signifiant l’indomptable. L’occasion pour nous d’évoquer rapidement l’échelle de Mohs, couramment convoquée dès que l’on parle bijouterie-joaillerie. Il s’agit d’une mesure de la dureté des matériaux mise au point en 1812 par le minéralogiste allemand Friedrich Mohs. Dureté ne voulant pas dire ici résistance à la déformation ou aux chocs mais capacité d’un minéral à en rayer un autre. Pour chaque échelon il existe un test de dureté, par exemple, le quartz (7/10 sur l’échelle) a la faculté de rayer le verre. Et donc, tout en haut de l’échelle, notre premier de la classe (10/10) n’est rayable que par un autre diamant tandis que le talc (1/10), friable sous l’ongle, récolte le bonnet d’âne. Vous aurez aussi reconnu le 2nd de cordée, le corindon, dont on vous parle dans nos articles sur le rubis et le saphir.
Échelle de Mohs, via hautehorlogerie.org
Profession : diamantaire
Attention, on ne parle pas ici du négociant en diamant, nommé également diamantaire ; mais bien du tailleur de diamant. Décidément, notre roi des pierres précieuses ne fait rien comme ses semblables ! Car toutes les pierres gemmes (regroupées sous l’appellation « pierres de couleur ») sont taillées par le lapidaire – dérivé de « lapis » en latin, signifiant « pierre ». Sauf le diamant, donc, mis en forme par le diamantaire. Vous suivez ?
Les principaux centres de taille sont l’Inde, la Chine, ainsi que Tel-Aviv, New-York et bien sûr Anvers.
A quoi sert la taille ? A accroître la valeur de la pierre en révélant sa beauté, bien sûr ! D’ailleurs, la première étape dans le travail du diamantaire consiste à choisir la taille à adopter. Il s'agit alors de réaliser un savant calcul pour estimer quel serait le résultat le plus lucratif. Pour cela, le diamantaire se base bien sûr sur la forme naturelle de la gemme brute, afin de perdre le moins de matière première possible, mais son évaluation a aussi pour but de gommer par exemple les inclusions naturelles, ou encore optimiser la couleur de la pierre. Ensuite, la taille se décompose à travers ces différentes étapes :
- Le clivage permet de dégrossir les facettes en donnant à la pierre une forme d’octaèdre
- L’ébrutage ou arrondissage donne au diamant sa forme composée d’une couronne et d’une culasse
- Le meulage permet la création des différentes facettes
- Enfin le polissage permet de parachever la taille en supprimant les dernières imperfections.
A titre d’exemple, une taille brillant moderne pour une pierre d’environ 1 carat nécessite entre 5 et 7 heures de taille.
Maintenant que cette dernière n’a plus de secrets pour vous, si on vous apprenait à reconnaître les formes de diamant les plus courantes dans le bijou ancien ?
La taille rose
Elle fait partie des incontournables. Il s’agit de l’une des premières tailles à facettes, élaborée au XVIe siècle. Elle est composée de 3 à 24 facettes triangulaires disposées en dôme sur une base plane. Il existe aussi, mais cela est plus rare, une taille rose nommée « couronnée » pour laquelle on observe un dôme facetté de part et d’autre du rondiste.
On retrouve aussi souvent, notamment dans la bijouterie du XIXe siècle, les diamants taille rose montés « sur clinquant » ou « sur paillon ». Les gemmes sont serties sur une fine couche de métal, par exemple de l’aluminium, qui conférait à l’origine davantage d’éclat aux pierres. C’est ici le cas sur notre bague jarretière or rose, argent et diamants.
Par ailleurs, la taille rose est souvent privilégiée pour l’ornement des entourages.
La taille ancienne
Il s’agit de l’ancêtre de la taille brillant. Aussi appelée taille Peruzzi, elle est élaborée en 1700 et se compose de 58 facettes. Ses caractéristiques principales sont une table relativement petite et une couronne haute, ainsi qu’une culasse profonde. De surcroît, la pierre possède une colette ouverte. Lorsque vous observez le diamant en vue du dessus, vous apercevez ladite colette à l’intérieur, au centre. C’est l’élément qui permet de reconnaitre à coup sûr une gemme en taille ancienne !
La demi-taille
La demi-taille est une hybridation entre la taille ancienne et la taille brillant moderne. Bénéficiant des avancées techniques du début du XXe siècle, la demi-taille est moins rustique (toutes proportions gardées) que la taille ancienne. Elle possède une table plus large et une couronne moins haute que cette dernière. On retrouve néanmoins des caractéristiques communes, comme par exemple l’ouverture de la culasse.
Très courante dans les années 1930, la taille est dite « de transition ».
La taille 8X8 (« Huit-huit »)
A la même période, le diamant taille 8x8 se compose de 16 facettes : 8 sur la couronne et 8 sur la culasse, ainsi qu’une table. Elle est privilégiée sur les pierres de petite et moyenne dimension ne pouvant être taillées en brillant, ce qui peut expliquer qu’on en trouve parfois sur les pièces Art Déco ou Tank. En effet, les différentes Guerres mondiales ont rendu difficile l’approvisionnement en matières premières dans la première moitié du XXe siècle. Pour en savoir plus sur le contexte de la bijouterie à l’époque, jetez un œil à nos articles sur l’histoire du bijou de cette période (Partie 1 : Belle Époque, Art Nouveau et Art Déco, Partie 2 : Des années 40 aux années 70).
Sur le même principe, il existe la taille 16x16.
Les tailles 8X8 et 16X16 ont la faveur des horlogers : il s'agit des tailles privilégiées pour les diamants sertis sur les montres.
La taille brillant moderne
Elle a beau s’appeler « moderne », la taille brillant telle qu’on l’entend de nos jours a déjà un siècle ! Il s’agit certainement de la taille la plus célèbre et la plus prisée. C’est aussi la plus éclatante, dans la mesure où la gemme va offrir, grâce à la multiplicité de ses facettes, un important pouvoir de réfraction, c’est-à-dire : briller de mille feux.
On doit l’invention de la taille brillant au joaillier Tolkowsky en 1919. Si la pierre possède 58 facettes (32 + table sur la partie supérieure, 24 + colette sur la culasse) comme le diamant taille ancienne, les proportions divergent.
En 1978, l’International Diamond Concil détermine les proportions idéales donnant au diamant son pouvoir de réfraction maximal afin, possiblement, de mettre fin aux différents villages gaulois de la taille brillant. Car jusqu’ici, elle différait entre les pays ! Par exemple, on trouvait en Allemagne la taille brillant « Feinschliff ». Citons aussi le brillant standard Scandinave datant de 1968.
« Proportions idéales » du diamant taille brillant moderne.
Les tailles brillant dites « fantaisie »
On parle de « taille fantaisie » pour toutes les tailles dont la forme générale ou celle des facettes est inhabituelle. Parmi elles, on peut retrouver par exemple dans le bijou ancien :
- La taille marquise, ou taille navette, un ovale allongé pointu aux extrémités. Datant du XVIIIe siècle, il se murmure qu’elle aurait été imaginée par Louis XV, inspiré par le sourire de sa maîtresse la marquise de Pompadour à qui l’on a déjà consacré un article.
N’en ayant pas sous la main, on vous présente à la place une bague « marquise » nommée d’après le diamant éponyme pour sa forme semblable.
- La taille coussin, présentant une couronne de forme carrée ou rectangulaire aux angles arrondis. Les facettes donnent l’illusion d’une pierre légèrement bombée, évoquant un coussin moelleux, d’où le nom.
L’un des coussins les plus célèbres est certainement le diamant jaune Tiffany dont on vous conte l’histoire dans l’article sur la pierre de naissance d’avril.
- La taille poire, caractérisée par sa couronne en forme de poire
- La taille cœur, pour laquelle on suppose qu’il est inutile de vous faire un dessin ?
Bague marquise, or rose et diamants
Puces d'oreilles diamants coussins
Bague cœur émeraude colombienne et diamants
Les tailles à degrés
Pour finir, jetons un œil aux tailles à degrés. Ce type de taille présente des facettes trapézoïdales parallèles au rondiste du diamant et succédant les unes aux autres à la manière de marches d’escalier. Elle est particulièrement utilisée dans le cas des pierres colorées puisqu’elle en optimise la couleur. Cependant, on la rencontre parfois dans le cas du diamant, les tailles à degrés les plus courantes étant dans ce cas la taille baguette et la taille émeraude.
Pour la première, la couronne présente un rectangle à quatre facettes surmonté d’une table également rectangulaire. La culasse est taillée de façon similaire, si ce n’est l’ajout d’un étage supplémentaire.
Quant à la taille émeraude, il s’agit d’un rectangle à pans coupés, présentant sur le dessus 8 arêtes et surmonté d’une table octogonale. La culasse est pour sa part entièrement taillée à degrés. Inventée à la fin du XIXe siècle, cette taille était à l’origine privilégiée pour les émeraudes, d’où son nom, et les diamants. Elle s’utilise néanmoins pour toutes sortes de gemmes, à l’image de notre aigue-marine.
Bague saphirs entourage diamants baguette
Bague Art Déco Emeraude (taille émeraude)
Alors oui, vous pourriez vous dire qu’on n’a pas parlé de la taille princesse, datant des années 1980 et en passe de détrôner la taille brillant sur les bagues de fiançailles ; ni de la taille Asscher, cousine de la taille émeraude. Mais vous trouverez pléthore de fichiers sur internet recensant les différentes tailles de diamant contemporaines. Qui ne parleront pas forcément des tailles 8x8 ni des demi-tailles 😉
Enfin, il existe également des tailles mixtes pour lesquelles couronne et culasse sont taillées différemment. Mais ça c’est une encore une autre histoire !
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