Même affranchie de ses lunettes de vue Wayfarer, elle reste reconnaissable entre mille : longue chevelure rousse et port de tête élégant, Louise Ebel semble tout droit sortie d’une peinture. Sur l’époque, on hésite : celle qui définit son style comme « inspiré » pourrait aussi bien vivre dans une toile de Martial Raysse, membre du Nouveau Réalisme des années 60 ; qu’être née sous le pinceau d’un artiste préraphaélite du XIXe siècle.
Louise inaugure notre série de portraits de personnalités aussi inspirées qu'inspirantes. Rencontre.
© Louise Ebel / Miss Pandora
Sans le savoir tout-à-fait, elle a inventé en même temps que d’autres un métier du futur : créatrice de contenu. Louise ouvre son blog Miss Pandora en 2009 et met rapidement à profit sa visibilité afin de partager son amour de l’Art, de l’Histoire et de la mode. Ses convictions féministes aussi, constituant l’essence de son premier livre Excessives ! Destins de Femmes incroyables au XIXe siècle. Les Culottées version Louise Ebel.
D’ailleurs, Louise et le XIXème c’est une grande histoire d’amour, en témoigne sa sélection de bijoux. Prête à la découvrir ?
Égyptomanie
Enfant, elle se rêvait Égyptologue, alors quel plus bel avatar que notre bague ornée d’un profil égyptien ! D’ailleurs, connaissez-vous l’Égyptomanie ? A la suite de la campagne napoléonienne, l’Europe du Premier Empire redécouvre et fantasme l’Égypte des pharaons, ce qui impacte fortement les Arts Décoratifs et la bijouterie.
Bijoux victoriens
Louise exprime sa fascination pour le XIXème en ces termes : époque à la fois proche et lointaine, elle contient en germe tous les éléments de notre société moderne. Bien sûr, tout n’est pas à prendre : à commencer par la misogynie décomplexée – qu’on n’a pas totalement éradiquée deux siècles plus tard ! Mais on peut facilement s’y projeter en termes d’esthétique par exemple. Pour preuve, la figure du serpent très populaire au XIXème, n’a pas pris une ride. Et nos bijoux d’époque non plus ! Bague serpents enroulés, collier orné de grenats et bracelet acrostiche, Louise mise sur un total look ophidien.
Symbolisme
Man Ray, La Marquise Casati, 1935, Paris, Centre Pompidou © Man Ray Trust / Adagp, Paris
Miss Pandora est une sorte de Casati des temps modernes. D’ailleurs, en sélectionnant notre bague poison, Louise nous raconte que la marquise aurait assisté à un vernissage parée d’une bague porte-encens dont elle aurait répandu les émanations parfumées.
L’opale, aux reflets « phosphorés », lui rappelle également le décadentisme et le symbolisme fin-de-siècle dont les thèmes de prédilection sont, entre-autres, le mysticisme, le rêve et l’ésotérisme.
Glyptique
Elle est à peine plus connue pour son œuvre que comme sœur de, et pour sa relation passionnelle avec Auguste Rodin. Amie, maîtresse, muse. Oui. Et sculptrice. Surtout. Il faudra attendre les années 1980, soit près d’un demi-siècle après sa mort, pour que l’artiste soit redécouverte. Et encore, le spectre de Rodin rôde. C’est sans doute un peu pour cette raison, outre la sensibilité de son travail, que Camille Claudel est chère à Louise Ebel. S’agissant de sculpture en bijou… cette dernière n’a pas pu résister à notre camée ornée de diamants et perles fines !
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Louise continue d’explorer le sexisme décontracté dans les milieux artistiques, qui fera l’objet d’un prochain ouvrage. Découvrez son univers, son blog et son compte Instagram.