La harpe d'or, partie 2
Quand il arriva aux abords de la propriété ducale, il fut enveloppé par une mystérieuse mélodie s’échappant de l’une des fenêtres de la demeure principale. Telle une pâte précieuse dans laquelle l’on fourre délicatement ses mains, ses tympans étaient pénétrés par de subtils sons, enivrant poétiquement son cœur.
Enchanté par ces fulgurances musicales, le maître-joaillier ferma les yeux et se laissa guider joyeusement jusqu’au lieu d’où elles provenaient. Dans une grande salle éclairée à la bougie, il découvrit la Duchesse. Elle chantait avec ses doigts, qui se décuplaient à une allure vertigineuse en pinçant les différentes cordes de son instrument.
En le voyant autant subjugué, la Duchesse éclata d’un rire solaire. Elle lui indiqua qu’elle pratiquait assidûment la harpe celtique depuis son plus jeune âge. Il pressentait que la Duchesse pourrait hautement apprécier la version bijou de la harpe. Pour fabriquer ce petit modèle, le maître-joaillier décida que la forme d’un pendentif était la plus appropriée. Il choisit même une magnifique petite turquoise, couleur favorite de la Duchesse, pour orner l’œil de la harpe.
Afin de rendre éternel le moment d’enchantement qu’il avait vécu en découvrant le talent de la Duchesse de Broxmouth, le maître-joaillier conçut un compartiment secret au niveau du socle et y glissa la note : « Magique est la harpe celtique de Broxmouth pour l’âme qui l’a entendue ».
Encore aujourd’hui, la magie musicale de ce pendentif harpe à compartiment secret opère instantanément pour celle qui le porte à son cou.
Texte de Jean-Philippe Samarcq.